mardi 17 décembre 2013

Artistes femmes au musée ? Regards actuels 24 Janvier à 19h Auditorium du Louvre sous la pyramide

Par Griselda Pollock, University of Leeds
En 1972, deux conservatrices américaines, Elizabeth Broun et Ann Gabhart, réunissaient un ensemble d’œuvres d’art européen datant du XVIe au XVIIIe siècle, produites par des femmes aux noms à peine identifiés. Elles intitulèrent leur exposition  Old Mistresses : Women Artists of the Past(Vieilles Maîtresses : Artistes femmes du passé, Walters Art Gallery, Baltimore). Le choix de ce terme faisait surgir une évidence linguistique et culturelle : il n’existe aucun équivalent féminin au terme révérencieux Old Master (Maître ancien). Comment pouvons-nous dès lors parler d’art ou d’artiste « au féminin » ? Comment parler d’art et d’artistes qui ont « disparu » des musées, soit parce que les œuvres en question ont été gardées dans les réserves, soit parce qu’elles n’ont tout simplement pas été conservées ? Reprenant le concept de « Vieilles Maîtresses » comme outil pour une critique féministe de l’histoire de l’art, Griselda Pollock et Rozsika Parker (dans leur livre Old Mistresses : Women, Art and Ideology, 1981) ont entrepris de déconstruire la constitution discursive de cette discipline en tant que technologie idéologique propre au milieu académique et muséal. Elles ont montré comment l’histoire de l’art « produit » activement un axe de valeurs qui est symboliquement genré, déterminant l’inclusion et l’exclusion sur la base du genre. Cette conférence propose de réexaminer les questions-clés posées par la visibilité d’artistes qui sont des femmes –et non des « femmes artistes » -, en relation avec les images de la créativité et de la pensée que le musée à moitié vide offre à ses publics, aux enfants, aux artistes du futur et à l’ensemble de la société. La conférence interrogera aussi les méthodes auxquelles nous pourrions avoir recours dans l’étude des « Vieilles Maîtresses » qui ne constituent pas une communauté homogène de « femmes » mais des individus créatifs singuliers négociant les conditions sociales et culturelles de la production artistique. Enfin, à quoi ressemblerait un musée inclusif ? La conférence se conclura avec le modèle d’un musée féministe virtuel : non pas un musée cybernétique en ligne, mais le musée du futur, devenant féministe dans ses nouvelles manières de voir, de montrer et de lire toutes les expressions de l’art.

Note  biographique
Griselda Pollock est Professeure d’Histoires Critiques et Sociales de l'Art et Directrice du Centre pour l’Analyse Culturelle, la Théorie et l’Histoire (CATH, fondé en 2001), à l’Université de Leeds, en Angleterre. Son œuvre de théoricienne et ses interventions critiques, fondées sur les études féministes, sociales, queer et post-coloniales dans le champ de l’histoire de l'art et des cultures visuelles, sont l’objet d’une reconnaissance internationale. Ses recherches actuelles portent sur le traumatisme dans l’esthétique psychanalytique,  et s’intéressent entre autres à la mémoire culturelle de l'Holocauste et de l’univers concentrationnaire.
On compte parmi ses nombreux ouvrages soulevant des questions féministes dans l’histoire des institutions et de la culture visuelle : Women, Art and Ideology (avec Roszika Parker), New York, Pantheon Books, 1981 et 2013 ; Vision and Difference : Feminity, Feminism, and Histories of Art, New York, Routledge,1988 ; Differencing the Canon: Feminist Desire and the Writing of Art’s Histories, Routledge, 1999 ; Encounters in the Virtual Feminist Museum: Time, Space and the Archive, Routledge, 2007 ; Bracha Ettinger: Art as Compassion (avec Catherine de Zegher), ASA, 2011 ; After-Affects / After-Images: Trauma and Aesthetic Inscription in the Virtual Feminist Museum, Manchester University Press, 2013 ; Art in the Time-Space of Memory and Migration: Sigmund Freud, Anna Freud and Bracha L Ettinger in the Freud Museum, 2013. Elle a également dirigé divers volumes collectifs : Encountering Eva Hesse (avec Vanessa Corby), Prestel, 2006 ;Museums after Modernism: Strategies of Engagement (avec Joyce Zemans), 2007 ; Psychoanalysis and the Image, 2006 ; Conceptual Odysseys: Passages to Cultural Analysis, 2007, dans la collection qu’elle a initié « New Encounters: Arts, Concepts, Cultures »  ; The Sacred and the Feminine: Imagination and Sexual Difference (avec Victoria Turvey Sauron), 2007 ;  Blubeard’s Legacy: Death and Secrets from Bartòk to Hitchcock(avec Victoria Anderson), 2008 ;  Digital and Other Virtualities (avec Anthony Bryant), 2010 ; Visual Politics and Psychoanalysis, 2013.  Avec Max Silverman elle a signé Concentrationary Cinema; Aesthetics and Resistance in Alain Resnais's  Night and Fog, Berghahn Books, 2011 ; etConcentrationary Memories: Totalitarian Terror and Cultural Resistance, I B Tauris, 2013.
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