Quelques remarques à propos de la
réunion bilan Pékin + 20 pour la zone européenne qui s’est tenue à Genève
(Palais des Nations Unies) du 3 au 7 novembre 2014
(Françoise Morvan et Martine Storti. 9
novembre 2014)
Cette
réunion s’est déroulée en deux temps : un temps ONG du 3 au 5 novembre, un
temps représentants des Etats, les 6 et 7 novembre (ces deux journées étatiques
étaient aussi ouvertes aux associations qui pouvaient assister aux débats et
organiser des événements parallèles durant les heures de pause)
Précision : la
région de la CEE-ONU comprend les pays d'Europe (au sens géographique), mais
aussi des pays d’Amérique du Nord (Canada et États-Unis), d'Asie centrale
(Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan, Tadjikistan et Turkménistan) et d'Asie
occidentale (Israël).
1 Les 3 journées ONG
Environ
700 participantes représentant 350 associations, réseaux ou institutions de 56
pays
La deuxième journée de ce
Forum en a été le cœur car elle a été
uniquement consacrée à la tenue de 16 ateliers reprenant les 12 domaines de la
Plateforme de Pékin et 4 nouveaux thèmes (droits humains et femmes migrantes,
sciences, technologie pour le Progrès des femmes, femmes âgées ,hommes et
garçons pour l'égalité). Ces ateliers animés et dynamiques nous ont permis
d'intervenir de la salle, en particulier pour demander que les droits sexuels
et reproductifs soient inscrits dans la charte européenne des droits
fondamentaux et par écrit pour demander un engagement des États pour valoriser
qualitativement et financièrement les activités
liées aux soins des personnes
vulnérables, garde des enfants et éducation. Nous avons également revendiqué
une vision féministe de l'économie. Nous avons aussi demandé aux États de ne pas prendre en compte dans le calcul de leurs PIB
les ressources des activités "criminelles" comme la prostitution.
Nous avons pu constater
en assistant à certains ateliers et lors de la rencontre avec la Directrice
exécutive d'ONU Femmes une volonté forte de changement pour faire évoluer plus
rapidement les droits des femmes et lutter contre le danger de leur régression.
Les droits des femmes sont les droits humains qui doivent être placés au centre
de l'Agenda post 2015 et qui doivent être considérés comme essentiels au
développement durable du monde.
Ces
3 journées ont abouti au document ci-dessous
Il
s’agit d’une déclaration et d’une série de recommandations qui ont été
présentées lors de la séance d’ouverture de la session intergouvernementale.
Par le lien ci-dessus vous avez accès à la totalité du document.
Remarques :
les recommandations sont articulées à 10 thématiques : les droits des
femmes sont des droits humains, violences contre les femmes, situation
économique et développement, participation aux décisions et aux pouvoirs,
environnement et climat, femmes migrantes, santé, petites filles, éducation,
lutte contre les stéréotypes. Elles sont intéressantes mais très nombreuses et
non hiérarchisées.
2 La session intergouvernementale
Cette session sur
deux journées est organisée en séances plénières avec déroulement de tables
rondes autour des thématiques suivantes :
Tendances
à long terme en matière d’égalité des sexes et d’autonomisation des femmes dans
la région de la CEE
Combler
le fossé entre les hommes et les femmes grâce aux politiques
économiques
et sociales
Représentation
et rôle moteur des femmes dans les processus
de
direction et de décision
Prévenir
et éliminer la violence à l’égard des femmes et des filles
Législation,
justice et gouvernance antidiscriminatoires
La
voie à suivre: l’égalité entre les sexes pour des sociétés durables et sans
exclusive
Quelques remarques :
*Ces
tables rondes ne sont pas des débats (ou très peu) mais plutôt une succession
d’interventions des représentants des Etats. C’est répétitif et souvent
ennuyeux. On peut distinguer deux types d’intervention. Il y a celles qui
insistent sur le chemin parcouru et donnent une image assez positive de la
situation des femmes dans leur pays, c’est d’ailleurs plutôt le cas des pays où
la démocratie n’est que très relative ou inexistante et les interventions qui
soulignent aussi le chemin qui reste à parcourir et c’est plutôt le cas des
pays largement démocratiques. Rien d’étonnant : la démocratie c’est la
critique, la dictature c’est la satisfaction !
*Les
interventions sont plus descriptives qu’analytiques. Peu d’échanges sur les
« bonnes pratiques », peu d’analyses des raisons pour lesquelles les
inégalités, les discriminations et les différentes formes d’oppressions sont
encore si nombreuses et si fortes. (alors que nombre d’études existent sur les
différents sujets). Du coup on ne sort pas de là avec des outils intellectuels,
politiques ou pratiques.
*A
noter aussi que nombre de pays importants n’ont pas la parole dans les tables
rondes alors que certains, pourtant très petits sont présents dans plusieurs
d’entre elles (ainsi la Moldavie qui était dans 3 tables rondes mais aucune
participation par exemple de la Pologne, de la Hongrie, de l’Allemagne…)
*
Il est remarquable que la montée des intégrismes religieux ou l’alibi du
relativisme culturel ont été très peu abordés, sauf par le représentant de
l’Union européenne qui a fait une intervention claire et ferme sur ces sujets
*
L’intervention de la représentante de la France a été assez décevante car elle
a voulu parler de tout. Du coup rien ne ressortait de son propos. A la fin de
son intervention elle a rappelé que la France accordait une grande importance
aux droits sexuels et reproductifs mais sans prononcer explicitement le mot
avortement. Cette intervention à Genève est en deçà de l’intervention de NVB à
New York en mars dernier lors de la session de la CSW. Il faudra savoir si cela
relève seulement de l’intervention de l’ambassadrice et ou si cela correspond à
une position ministérielle.
La CLEF
*A
participé aux journées ONG et aux journées intergouvernementales
*Rencontre
la veille de la séance intergouvernementale avec la délégation officielle
française composée de Patrizianna Sparacino-Thiellay, ambassadrice pour les
droits de l’homme, de réprésentant-es du MDDF, du MAE et de la mission
permanente de la France auprès de l’ONU à Genève : nous avons rappelé
quelles sont les priorités de la CLEF, insisté sur l’enjeu de l’avortement, sur
notre campagne pour son intégration dans la charte des droits fondamentaux,
ainsi que sur d’autres enjeux (notamment place des femmes dans la culture,
égalité dans le travail, diplomatie des droits des femmes)
*Distribution
de la déclaration écrite de la Clef
*Distribution
du badge Abortion right
*Intervention
lors de la réunion organisée par ONU femmes en présence de sa directrice
exécutive Phumzile Mlambo-Ngcuka. Cette intervention a insisté sur la nécessité
de prononcer le mot « avortement »
*Interventions
par mails et tweets durant les deux journées intergouvernementales
Pour
en savoir plus (en termes de documentation) :
Programme
des deux journées
Synthèses
des bilans réalisés par les pays