samedi 15 novembre 2014

Pékin+20

Quelques remarques à propos de la réunion bilan Pékin + 20 pour la zone européenne qui s’est tenue à Genève (Palais des Nations Unies) du 3 au 7 novembre 2014

(Françoise Morvan et Martine Storti. 9 novembre 2014)

Cette réunion s’est déroulée en deux temps : un temps ONG du 3 au 5 novembre, un temps représentants des Etats, les 6 et 7 novembre (ces deux journées étatiques étaient aussi ouvertes aux associations qui pouvaient assister aux débats et organiser des événements parallèles durant les heures de pause)
Précision : la région de la CEE-ONU comprend les pays d'Europe (au sens géographique), mais aussi des pays d’Amérique du Nord (Canada et États-Unis), d'Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan, Tadjikistan et Turkménistan) et d'Asie occidentale (Israël).

1 Les 3 journées ONG
Environ 700 participantes représentant 350 associations, réseaux ou institutions de 56 pays
La deuxième journée de ce Forum en a été le cœur  car elle a été uniquement consacrée à la tenue de 16 ateliers reprenant les 12 domaines de la Plateforme de Pékin et 4 nouveaux thèmes (droits humains et femmes migrantes, sciences, technologie pour le Progrès des femmes, femmes âgées ,hommes et garçons pour l'égalité). Ces ateliers animés et dynamiques nous ont permis d'intervenir de la salle, en particulier pour demander que les droits sexuels et reproductifs soient inscrits dans la charte européenne des droits fondamentaux et par écrit pour demander un engagement des États pour valoriser qualitativement et financièrement les activités  liées  aux soins des personnes vulnérables, garde des enfants et éducation. Nous avons également revendiqué une vision féministe de l'économie. Nous avons aussi  demandé aux États de ne pas  prendre en compte dans le calcul de leurs PIB les ressources des activités "criminelles" comme la prostitution.
Nous avons pu constater en assistant à certains ateliers et lors de la rencontre avec la Directrice exécutive d'ONU Femmes une volonté forte de changement pour faire évoluer plus rapidement les droits des femmes et lutter contre le danger de leur régression. Les droits des femmes sont les droits humains qui doivent être placés au centre de l'Agenda post 2015 et qui doivent être considérés comme essentiels au développement durable du monde.
Ces 3  journées ont abouti au document ci-dessous

Il s’agit d’une déclaration et d’une série de recommandations qui ont été présentées lors de la séance d’ouverture de la session intergouvernementale. Par le lien ci-dessus vous avez accès à la totalité du document.
Remarques : les recommandations sont articulées à 10 thématiques : les droits des femmes sont des droits humains, violences contre les femmes, situation économique et développement, participation aux décisions et aux pouvoirs, environnement et climat, femmes migrantes, santé, petites filles, éducation, lutte contre les stéréotypes. Elles sont intéressantes mais très nombreuses et non hiérarchisées.

2 La session intergouvernementale
Cette session sur deux journées est organisée en séances plénières avec déroulement de tables rondes autour des thématiques suivantes : 
Tendances à long terme en matière d’égalité des sexes et d’autonomisation des femmes dans la région de la CEE  
Combler le fossé entre les hommes et les femmes grâce aux politiques
économiques et sociales
Représentation et rôle moteur des femmes dans les processus
de direction et de décision
Prévenir et éliminer la violence à l’égard des femmes et des filles
Législation, justice et gouvernance antidiscriminatoires
La voie à suivre: l’égalité entre les sexes pour des sociétés durables et sans exclusive

Quelques remarques :
*Ces tables rondes ne sont pas des débats (ou très peu) mais plutôt une succession d’interventions des représentants des Etats. C’est répétitif et souvent ennuyeux. On peut distinguer deux types d’intervention. Il y a celles qui insistent sur le chemin parcouru et donnent une image assez positive de la situation des femmes dans leur pays, c’est d’ailleurs plutôt le cas des pays où la démocratie n’est que très relative ou inexistante et les interventions qui soulignent aussi le chemin qui reste à parcourir et c’est plutôt le cas des pays largement démocratiques. Rien d’étonnant : la démocratie c’est la critique, la dictature c’est la satisfaction !
*Les interventions sont plus descriptives qu’analytiques. Peu d’échanges sur les « bonnes pratiques », peu d’analyses des raisons pour lesquelles les inégalités, les discriminations et les différentes formes d’oppressions sont encore si nombreuses et si fortes. (alors que nombre d’études existent sur les différents sujets). Du coup on ne sort pas de là avec des outils intellectuels, politiques ou pratiques.
*A noter aussi que nombre de pays importants n’ont pas la parole dans les tables rondes alors que certains, pourtant très petits sont présents dans plusieurs d’entre elles (ainsi la Moldavie qui était dans 3 tables rondes mais aucune participation par exemple de la Pologne, de la Hongrie, de l’Allemagne…)
* Il est remarquable que la montée des intégrismes religieux ou l’alibi du relativisme culturel ont été très peu abordés, sauf par le représentant de l’Union européenne qui a fait une intervention claire et ferme sur ces sujets
* L’intervention de la représentante de la France a été assez décevante car elle a voulu parler de tout. Du coup rien ne ressortait de son propos. A la fin de son intervention elle a rappelé que la France accordait une grande importance aux droits sexuels et reproductifs mais sans prononcer explicitement le mot avortement. Cette intervention à Genève est en deçà de l’intervention de NVB à New York en mars dernier lors de la session de la CSW. Il faudra savoir si cela relève seulement de l’intervention de l’ambassadrice et ou si cela correspond à une position ministérielle.

La CLEF
*A participé aux journées ONG et aux journées intergouvernementales
*Rencontre la veille de la séance intergouvernementale avec la délégation officielle française composée de Patrizianna Sparacino-Thiellay, ambassadrice pour les droits de l’homme, de réprésentant-es du MDDF, du MAE et de la mission permanente de la France auprès de l’ONU à Genève : nous avons rappelé quelles sont les priorités de la CLEF, insisté sur l’enjeu de l’avortement, sur notre campagne pour son intégration dans la charte des droits fondamentaux, ainsi que sur d’autres enjeux (notamment place des femmes dans la culture, égalité dans le travail, diplomatie des droits des femmes)
*Distribution de la déclaration écrite de la Clef
*Distribution du badge Abortion right
*Intervention lors de la réunion organisée par ONU femmes en présence de sa directrice exécutive Phumzile Mlambo-Ngcuka. Cette intervention a insisté sur la nécessité de prononcer le mot « avortement »
*Interventions par mails et tweets durant les deux journées intergouvernementales

Pour en savoir plus (en termes de documentation) :
Programme des deux journées
Synthèses des bilans réalisés par les pays



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